Sommaires de la cinquième édition

Martin Heidegger Le philosophe de la civilisation

Ce numéro cinq spécial du magazine Istighrab aborde le système intellectuel, l’autobiographie et les bagages scientifiques et philosophiques du philosophe allemand de l’existence Martin Heidegger.

Il comprend des instructions sur sa philosophie et les discussions soulevées par sa thèse en orient et en occident, surtout en ce qui concerne ses grands efforts en critiquant la métaphysique occidentale et son appel pour une nouvelle métaphysique axée sur la question de l’existence après qu’elle s’est étendue sur les recherches phénoménologiques des êtres.

Ci-après les sommaires des recherches, articles et dialogues de ce numéro.

Dans l’éditorial, le rédacteur en chef, M. Mahmoud Haidar, montre dans son article l’importance d’ouvrir un débat sur Heidegger par les élites arabes et musulmans, notamment en termes de sa critique de la métaphysique moderne et la fondation grecque sur laquelle elle s’est fondée, où la tâche traditionnelle de la philosophie a été limitée à la recherche dans l’être par ce qui existe, sans passer à la question de l’existence elle-même comme étant la source de tous les êtres.

Dans la section « Entretiens », il y a deux interviews; la première étant réalisée par le chercheur et journaliste français Philippe Nemo avec le philosophe et orientaliste français Henri Corbin. L’interview met en évidence la relation entre Corbin et Heidegger et les points communs entre le philosophe allemand et un certain nombre de philosophes musulmans et leurs facilitateurs tels que Suhrowardi, Mulla Sadra et Ibn Arabi.

La deuxième interview a été menée par Khodor Ibrahim avec le philosophe libanais Moussa Wehbe, où ils ont traité de son histoire avec la philosophie et sa relation avec la philosophie occidentale grâce à sa traduction des œuvres d’un nombre de philosophes supérieurs occidentaux comme Kant, Hegel et Hume et enfin Heidegger en arabe. Wehbe a dit qu’il a traduit les œuvres de Heidegger de telle sorte que ce philosophe sera compris en langue arabe et en sa logique.

Le « Dossier » comprend une série de recherches et d’articles écrits par un nombre d’intellectuels arabes et occidentaux:

De l’Homme Maître à l’Homme Berger - les obstacles de la révolution ontologique dans la pensée de Martin Heidegger: une recherche menée par le professeur Mouchir Bassil Aoun, professeur de philosophie allemande à l’Université libanaise, dans laquelle il examine l’état de l’homme dans le système philosophique de Heidegger et met en évidence les changements de la pensée de Heidegger depuis sa fameuse œuvre « Etre et Temps - 1927 » jusqu’aux divers articles et conférences à la fin de sa vie.

« Nothingness and the Clearing: Heidegger, Daoism and the Quest for Primal Clarity », une recherche menée par David Chai, le professeur de philosophie à l’Université de Toronto - Canada, dans laquelle il aborde la relation de Heidegger avec le taoïsme  asiatique, en particulier en ce qui concerne l’ampleur de la convergence et de l’intersection entre le concept du néant avec Heidegger et le concept de la révélation et de naturalité dans le taoïsme.

Sous le titre: « Le concept de corps chez Heidegger », la chercheuse algérienne Ouiza Galleze déduit la signification du corps dans la pensée philosophique de Heidegger, et nous montre l’interprétation et le point de vue de Heidegger envers le dualisme du corps - le soi, et la relation de ce dualisme avec le concept de l’Etre.

Le chercheur américain en philosophie de la religion, Jeff Guilford, a rédigé un article intitulé « Heidegger était-il un soufi? » Cette étude comprend une comparaison entre la pensée du soufisme et la pensée métaphysique de Heidegger, où le chercheur conclut que l’heideggerisme et le soufisme ont un seul but: atteindre la source d’existence, à savoir Dieu. Selon l’écrivain, Heidegger pratiquait le soufisme, surtout à la fin de sa vie comme ses écrits montrent.

Sous le titre « Entre Mulla Sadra et Heidegger », le chercheur iranien et professeur de philosophie à l’Université de Tabatabaei Mohammad Reza Asadi a fait une comparaison entre le philosophe musulman Sadr al-Din Shirazi et le philosophe allemand Martin Heidegger sur la question de la relation entre la théorie et la pratique.

Comme le chercheur dit, selon Heidegger, la pratique est en avance sur la théorie par rapport à la formation de la connaissance humaine, alors que la définition de Mulla Sadra Shirazi considère la théorie et la connaissance comme une priorité par rapport à la pratique en ce qui concerne la constitution de la connaissance humaine et la préférence de l’être humain sur toutes les autres créatures.

Sous le titre « La critique Heideggerienne de la philosophie de la religion » (Windelband, Rickert trolesch), l’étude du chercheur belge Arnauld Diwalk découvre le lien entre la philosophie de Heidegger et la philosophie de la religion comme elle a évolué avec certains philosophes et théologiens religieux tels que Wilhelm Windelband, Heinrich Rickert et Ernest Troeltch.

- Dans son article « Heidegger et la religion- La langue et la demeure à cȏté d’Allah », la chercheuse égyptienne Mirna Sami tente de résoudre l’un des problèmes les plus complexes soulevés par Heidegger dans son système philosophique, à savoir sa relation avec la religion et la pensée théologienne et par suite avec l’état de la théologie dans l’ontologie de Heidegger. L’article souligne la perspective de Heidegger sur la chute de la philosophie occidentale dans l’oubli de l’existence en omettant la nuance entre l’existence et l’être.

- « Monstrous History: Heidegger Reading Holderlin », c’est un article écrit par le chercheur américain d’origine polonaise, Andrzej Warminski, dans lequel il aborde les positions philosophiques de Heidegger et les inspirations qu’il a tirées des œuvres du grand poète allemand, Frederick Hölderlin (1770-1843) , en particulier son point de vue envers l’être humain et son statut dans l’existence.

- Dans son article, « Existence entre l’existentialisme et la primauté de l’existence: Étude comparative entre Mulla Sadra et Martin Heidegger », le chercheur iranien dans la philosophie occidentale, Hamid Reza Ayatallahi met en valeur les changements apportés par Heidegger au cours de la philosophie occidentale en ce qui concerne la question sur l’origine et l’essence du monde, et non seulement ses caractéristiques et aspects. Il met également en évidence l’influence de la philosophie de Mulla Sadra, connu sous le nom de théosophie transcendantale, sur le parcours de la philosophie islamique. C’est ici où Heidegger et Mulla Sadra commencent à rencontrer, en mettant l’accent à la fois sur la primauté et l’essence de l’existence. En outre, l’étude vise à souligner les convergences et les divergences sur le concept de l’existence dans les écoles de Mulla Sadra et Heidegger et les théories qui en résultent.

- Dans les « Cycles de la controverse », on trouve les articles et les recherches suivants:

- Dans son article, « Heidegger en arabe », le professeur Moussa Wehbe cherche à observer et examiner les textes de Heidegger traduits vers l’arabe et la façon dont ils ont été traduits. Il souligne également les études arabes écrits par des chercheurs arabes à propos de Heidegger et la question que cet article tente de répondre: Est-ce qu’on peut lire la pensée de Heidegger en arabe? Comment?

- Dans son article, « Heidegger et la fin de la philosophie », le chercheur iranien, Ali Fathi, discute la compréhension par Heidegger de la philosophie qu’il perçoit comme l’équivalent de la métaphysique. Le deuxième sens qu’il confère à la philosophie, c’est la pensée. Le chercheur traite ces deux significations et considère, selon ses conclusions, que penser comme un philosophe commence à partir de la question de l’existence en soi.

- Dans son article, « Heidegger et nous », le chercheur égyptien, Ahmad Abdul Halim Attieh, vise à discuter les études et recherches menées par les penseurs arabes et musulmans à propos de Heidegger et de son système philosophique. Par cette étude, il compte faire une documentation critique de l’analyse islamique arabe de la pensée de Heidegger.

- Le chercheur irakien Mazen Mtawri met en évidence, dans la « Recherche de l’existence chez Heidegger », la théorie de l’existence chez Martin Heidegger en se basant sur « l’être et le temps ». Il souligne également les principaux composants du système de Heidegger lié à la question de l’existence.

- Dans son article « Heidegger Critique de Nietzsche », le penseur français Alain de Benoist souligne la célèbre analyse présentée par Heidegger des travaux de Nietzsche. Selon lui, la façon dont Heidegger analyse la philosophie de Nietzsche constitue une étape fondamentale de sa propre pensée. Il note également que Nietzsche et Descartes sont très similaires en termes de la partie principale de sa philosophie, et que Nietzsche est beaucoup loin de Plato.

- La chercheuse libanaise Nadima Itani demande dans son article si Heidegger a été influencé par Sadr al-Din Shirazi, le théoricien de la Primauté de l’Existence. L’article aborde la question de l’imitation et d’influence entre Heidegger et Shirazi, en puisant sur « La philosophie de l’existence chez Shirazi », un livre du penseur allemand Max Horton, publié en 1913, notamment en ce qui concerne la relation entre le Dasein de Heidegger et la théorie de Shirazi sur l’existence authentique.

- Le chercheur académique égyptien, Maher Abdul Mohsen, nous montre dans son article, « Gadamer Expliquant Heidegger », la relation intellectuelle et complexe entre les deux philosophes. Le chercheur propose une analyse spéciale du livre de Gadamer, « les méthodes de Heidegger », en se basant sur un essai de Gadamer publié dans son livre « La manifestation de la beauté et autres essais », dans lequel il traite les concepts de jeu, symbole et célébration, comme Gadamer a utilisé ces méthodes pour comprendre la philosophie de Heidegger.

- « Le concept de l’herméneutique dans la philosophie de Heidegger » est une étude rédigée par le chercheur académique égyptien Mohammed Sayed Eid, dans laquelle il illustre la logique de l’interprétation dans les textes philosophiques de Heidegger. Dans ce contexte, l’auteur montre la particularité de l’opinion philosophique du philosophe allemand, en prenant ses tentatives d’interprétation aux plus hauts niveaux. L’idée essentielle conclue par l’auteur est sur la communication avec la créature comme une méthode pour comprendre l’être.

Dans la section « Témoin », la chercheuse et traductrice, Rasha Zeineddine, écrit sur l’autobiographie du philosophe Martin Heidegger, en présentant ses théories et travaux les plus importants, tout en soulignant la particularité et l’originalité de ce philosophe par rapport aux philosophes et penseurs occidentaux contemporains.

Dans le Forum de l’Occidentalisme, nous avons proposé deux séminaires, chacun se concentre sur un aspect principal de la philosophie de Heidegger:

Le premier intitulé d’une manière polémique, « Heidegger ou la traversée de nuit », porte sur la biographie de Martin Heidegger. Parmi les participants, ont assisté des académiques et spécialistes en philosophie générale et philosophie politique en particulier, comme Emmanuel Faye, Gaiten Benni, Béatrice Fortni et Michel Cohen. Cette discussion collective a comporté des points de vue et opinions très importants qui nous ont présentés la nature du débat actuel qui se déroule en Europe sur la philosophie de Heidegger. La comparaison des œuvres de Heidegger à une traversée d’une nuit noire était peut-être l’une des descriptions les plus importantes utilisées dans la critique de ce philosophe qui avait une marque exceptionnelle et a provoqué la confusion dans le monde de la philosophie contemporaine.

Le deuxième séminaire aborde la question la plus controversée, en essayant de répondre à la question de savoir si Heidegger était pro-Nazi ou anti-Nazi. Ce fut comme une conversation entre le directeur de la Revue des Deux Mondes, Eric de Rubercy, et le penseur et chercheur français, François Fidet. La conversation se concentrait sur la question vague comment être un philosophe tout en appelant, en même temps, à l’injustice et à la persécution, comme dans le cas de Heidegger avec le parti nazi en Allemagne. Cependant, cette conversation ne confirme pas que Heidegger a cru au nazisme, même s’il a appuyé le parti pendant la durée de ses fonctions comme recteur de l’Université.

Dans les « Textes Revus », on retraduit et publie l’interview réalisée par Der Spiegel avec Heidegger dix ans avant sa mort, après avoir été bloquée dans le tiroir à la demande de Heidegger lui-même compte tenu de la sensibilité des questions soulevées lors de l’entrevue, notamment les problèmes personnels, son rectorat à l’Université en Allemagne, sa relation avec le parti nazi et plus tard sa démission et les raisons derrière elle.

Dans le cadre des « Textes Revus », nous présentons le chapitre V du livre célèbre de Heidegger, « Introduction à la métaphysique », intitulé « la question sur la nature et l’essence de l’existence ». C’est un chapitre important puisqu’il constitue l’une des principales conclusions du système philosophique de Heidegger, à savoir l’attention particulière accordée à la question de l’existence elle-même, en examinant l’origine et la source des êtres. Le point essentiel dans cette étude revue de Heidegger réside dans le fait qu’il commence d’abord à expliquer et clarifier la signification du mot « existence » jusqu’atteindre son but de documenter le premier principe qui aboutit à tout être.

Dans « Le Monde des Concepts » le penseur marocain, Mohammed Sabila, propose une présentation globale des principaux termes utilisés dans la philosophie de Martin Heidegger, en particulier ceux figurant dans sa plus grande œuvre « Être et Temps ». Les termes sont les suivants:

Nihilisme - Vorhandenheit (être à portée de la main) - Zuhandenheit (prêt à la main) - Etre et Présence- Raison- Philosophical Theology- Dasein (être présent) - Stimmung- Neuzeit (Les temps modernes) - Alétheia - Etre et Existence- Temps- Etre – L’oubli.

«L’Espace des Livres » comprend deux analyses de deux livres du philosophe allemand:

Le premier par Jamal Mohammed Suleiman, « L’existence et l’être chez Heidegger », dans lequel il aborde la question de l’existence et les efforts déployés par le philosophe de Dasein pour transférer la philosophie occidentale de son intérêt pour l’être à son intérêt pour la question de l’existence même.

Le deuxième étant une critique du livre « Introduction à la métaphysique » qui a été traduit en arabe par D. Imad Nabil. Il contient les principales idées de Heidegger dans sa critique de la métaphysique occidentale depuis ses origines grecques.